À quoi pourrait ressembler votre biographie ?

Certains de mes narrateurs ont accepté de vous dévoiler quelques morceaux choisis de leurs livres...

Michel 

couverture livre biographie Michel de Plumocéane

Michel avait envie de marquer son "passage" à un âge symbolique de manière originale. L'écriture d'un récit de vie lui offrait la possibilité de prendre un moment pour lui, de porter un regard sur ce qu'il avait déjà accompli et sur tout ce qu'il lui restait encore à faire...

 

À travers son histoire très riche, Michel souhaitait également rendre hommage... Remercier les personnes qui ont rendu possibles ses diverses réussites professionnelles et bien sûr, celles et ceux qui ont accompagné son parcours personnel. 

Avec les retours des premiers lecteurs, il semble que ce livre pourrait bien être "réparateur" de certains maux, à travers les mots que Michel a adressé à sa famille, avec du recul et en toute sincérité...

 

Pendant plusieurs mois, j'ai eu le grand plaisir de collaborer avec Michel pour rédiger son histoire. 

Ce fut l'occasion de très beaux moments de complicité et ce... dans le plus grand secret ! En effet, Michel voulait que ce livre soit une surprise pour sa famille et ses amis. Et cela fut bien le cas lorsqu'il l'a dévoilé puis offert, dernièrement, lors de sa fête d'anniversaire. Il a littéralement laissé bouche-bée sa famille et ses proches... avant que ne perlent quelques larmes d'émotion au creux des paupières de tous les invités.

Morceaux choisis du livre de Michel...

1) Des idées générales

(…) Je me répète sans doute, mais soixante ans, c'est un cap. 

À travers les chapitres précédents, j'ai longuement évoqué mon parcours professionnel. Même si j'ai parfaitement conscience que tout ne va pas s'arrêter du fait que je passe cet âge symbolique, j'éprouve néanmoins le sentiment d'être arrivé à un moment charnière de ma vie. 

Je voulais donc faire quelque chose de marquant pour mes soixante ans... Mes chers lecteurs, vous l'avez compris : je ne suis jamais en panne d'originalité et de projets ! Et justement, une petite idée a germé dans ma tête dernièrement...

 

 

(…) Alors comment expliquer que notre fratrie ait réussi à rester solide et solidaire durant toutes ces années ?

Je n'ai pas le souvenir de grandes discussions où nos parents nous auraient dit : « La famille c'est important, c'est ci, c'est ça..." Je crois plutôt que certaines valeurs se sont ancrées en nous dès notre plus jeune âge, dans les moments où nous étions réunis. 

Autour de cette table où nous mangions tous ensemble, il y avait une grande confiance entre enfants et parents, une belle convivialité, et beaucoup de compréhension. On était déjà différents...

Certainement que le décès de Papa est venu renforcer et consolider tout cela : nous avons fait bloc autour de notre mère et on s'est tous dit, chacun de notre côté, qu'on ne laisserait jamais rien ni personne venir semer la zizanie entre nous...

Mon exemple familial prouve bien que ce n'est pas le nombre qui fait que l'on puisse s'entendre ou pas. Mais peut-être la vie est-elle trop belle et trop facile aujourd'hui pour que les gens se comportent tellement différemment de notre grande fratrie...

 

 

(…) Les gens me disent souvent que j'ai un parcours hors du commun mais moi, je ne m'en rends pas compte ; mon épouse me répète que je ne sais pas comment je suis réellement... Eh bien, grâce à ce livre, je crois que j'ai fait quelques progrès !

Pour la première fois, j'ai pu exprimer mon ressenti et régler (gentiment) quelques comptes, enfouis depuis vingt-cinq ans. Je l'ai d'abord fait pour moi et pour mes proches mais j'espère aussi que mon expérience sera profitable à d'autres...

Se raconter, c'est se mettre à nu et ça remue ! Mais cela permet d'être réellement, peut-être une bonne fois pour toutes, en phase avec soi-même...

 

2) Une anecdote amusante

Par une belle matinée de juin, nous arrivons tous les deux au GAEC (Groupement agricole d'exploitation en commun) de X... 

Nous entrons dans la cour, roulons vers les bâtiments et descendons de voiture. Personne en vue. Nous crions à la ronde  : « Eh oh ! Salut ! Il y a quelqu'un là-dedans ? » Un chien arrive alors : un labrador, tout mignon... 

Nous nous avançons et faisons le tour des bâtiments, un par un. Notre sacré toutou nous suit tranquillement : c'est bien connu, les labradors sont des chiens très gentils... 

L'endroit était désert. Nous décidons donc de rebrousser chemin et de repartir. Sauf que... Au moment où nous nous retournons, l'adorable toutou se mue en molosse hargneux ! Campé devant nous, le poil dressé, les babines retroussées sur des crocs bien acérés, le chien se met à grogner méchamment, nous laissant figés sur place !

Il nous avait accueillis, puis accompagnés... On ne s'était pas méfiés ! Il faut savoir que Serge est un gaillard, d'à peu près la même corpulence que moi. N'empêche... Nous voilà tous les deux totalement bloqués...

C'était une situation surréaliste ! On ne s'était pourtant pas beaucoup éloignés et la voiture ne se trouvait qu'à environ 60 mètres mais... impossible de faire un seul mouvement ! Et quand je dis « impossible », c'était vraiment cela : dès que nous esquissions le moindre geste, le chien : « Grrrrrr » ! Pour ne rien arranger, nos téléphones étaient restés dans la voiture... 

Nous restons donc là, comme deux « cons », à nous demander quelle stratégie adopter.

Et cela dure... 45 minutes ! Je peux vous dire que c'est long. Très, très long... Surtout, nous n'avions aucune idée de l'heure à laquelle les propriétaires, deux frères, allaient revenir...

Et puis à un moment donné, ça y est ! Nous tenons notre stratégie : si l'on se sépare, le chien ne pourra croquer que l'un de nous deux... Serge me dit alors : « Je suis un peu plus gras que toi, il va se jeter sur moi ! » Nous voilà alors partis à rire... mais le chien, tout de suite : « Grrrrrr ! » Ça nous a calmés direct !

Je décide de courir le plus vite possible afin de grimper sur des barrières métalliques de stabulation, qui servent à créer des box pour animaux dans les bâtiments. Mais pas question de m'élancer tout de suite : le chien aurait vite fait de me rattraper... 

Je commence donc à faire deux ou trois pas, tandis que Serge essaye d'attirer l'attention de la bête : « Allez mon doudou, sage !». Le chien bouge, mais Serge continue de faire diversion afin que l'animal se concentre sur lui. 

Je réussis à m'éloigner de quatre ou cinq mètres et là, je pars en courant ! Je vous garantis que j'allais vite ! Je monte tout en haut des barrières et crie à Serge de ne plus bouger. Il fait « le mort » et à mon tour, j'attire le chien en criant et en le houspillant.

L'animal accourt vers moi et se poste, toujours aussi menaçant, au pied des barrières où j'étais réfugié.

Notre stratégie fonctionne : Serge court à sa voiture, démarre et s'avance au ras des barrières, presque à les toucher, de façon à ce que le chien ne puisse pas passer. Il baisse ensuite la vitre côté passager et je me glisse dans la voiture à la manière d'un cascadeur ! Là, nous poussons un grand soupir de soulagement et quittons enfin cette maudite ferme... 

Après quelques centaines de mètres, nous croisons un tracteur sur le chemin : les propriétaires ! 

« Ah ! Vous veniez nous vendre des produits ? nous demandent-t-ils.

— Ben oui, mais on n'a plus trop envie, maintenant...

— Qu'est-ce qui vous est arrivé ?

— Le chien nous a tenus bloqués près d'une heure...

— Ah bah c'est normal !

Serge et moi n'en revenons pas ! Et le propriétaire de nous répéter, toujours aussi détendu :

— C'est normal... Vous seriez restés là jusqu'à ce soir si on n'était pas arrivés ! »

Depuis, on a appris que ce genre de mésaventure arrivait assez régulièrement dans les fermes, et particulièrement avec des labradors... 

Quelle histoire ! Cela date d'il y a presque vingt ans mais nous en rions encore très souvent...

 

3) Des souvenirs

(…) De l'école, je me rappelle vraiment peu de choses car cela ne m'intéressait pas. Mes parents en étaient désolés : « Tu as des capacités mais tu ne veux pas les exploiter ! », me répétaient-ils. Effectivement, je me bornais à faire juste ce qu'il fallait faire, point barre ! 

Je me souviens vaguement que l'on jouait avec les copains mais sans plus. Cela ne m'a pas marqué car mon plaisir à moi était ailleurs : revenir de l'école pour écouter mes parents, effectuer nos petits travaux à la ferme, regarder les animaux... 

C'est tout cela qui me passionnait, m'animait et constitue aujourd'hui mes souvenirs...

 

 

Nos grands-parents sont peu entrés dans nos vies car ils sont décédés très jeunes. Le seul que nous ayons un peu connu était le père de ma mère. Il venait parfois passer quelques jours à la maison. Notre grand-père portait toujours un béret noir et tenait souvent à la main des grandes branches d'orties... 

Vers l'âge de douze-treize ans, quand nous faisions des bêtises, il rouspétait et nous disait toujours en patois : « Je vous pêcherai (= attraperai)... sans courir ! ». Et effectivement... 

Il laissait d'abord passer un peu de temps, de sorte que nous ne pensions plus à son avertissement... puis au moment où l'on ne s'y attendait pas et que nous passions à sa portée, il nous flanquait de grands coups d'orties sur les cuisses ! Comme nous étions en culottes courtes, ouille ouille ouille ! Ça nous grattait énormément... et on se rappelait alors de ce qu'il nous avait dit un peu plus tôt !

Martine 

Couverture biographie "Martine convoque ses fantômes"

Martine, une Belge de la région de Namur, cheminait vers un âge symbolique et souhaitait profiter de cette occasion pour transmettre des éléments esentiels de son histoire à ses enfants et ses proches.

Il était important pour elle qu'il puissent mieux comprendre la femme, la mère et la "granny" qu'elle est devenue à travers les souvenirs de la petite fille puis de la jeune femme qu'elle a été...

Martine avait très envie aussi de parler du quotidien de son enfance à ses petits-enfants afin qu'ils prennent conscience des évolutions qui se sont produites ces dernières décennies et des différences marquantes entre le monde d'hier et celui d'aujourd'hui.

 

Nous avons collaboré et échangé avec bonheur durant une petite année pour aboutir à ce bel ouvrage qui reflète bien la personnalité de Martine, entre tendresse et humour typiquement belge... comme le montre d'ailleurs la couverture très originale qu'elle a choisi pour son livre ! 

Cette aventure lui a permis de poser des mots sur certaines douleurs mais aussi sur des petits et grands bonheurs vécus, parfois difficiles à exprimer au quotidien.

Morceaux choisis du livre de Martine...

(...) Grâce à ce livre, je suis contente d'avoir posé mon histoire quelque part. Il va rester une trace, quelque chose de moi lorsque je ne serai plus là... 

Je sais ce que vous allez me dire : on a des enfants, des petits-enfants qui représentent notre continuité mais là, ce n'est pas la même chose. 

C'est ma parole qui va rester... 

 

1) Monde d'hier et d'aujourd'hui

(...) Rappelez-vous que nous n'avons pas eu tout de suite de salle de bain dans notre maison. Nous prenions donc un bain par semaine uniquement, dans un bac en galvanisé que nous installions dans la cuisine. C'était la seule pièce chauffée de la maison à ce moment-là... 

Nous prenions notre bain à tour de rôle en commençant par les enfants et en terminant par les adultes. J'ai connu cela jusque l'âge de dix ans environ. Bien loin des douches actuelles que nous avons la chance de pouvoir prendre tous les jours ! 

Il me revient encore une chose que vous avez eu la chance de ne pas connaître...

Je vous ai dit plus tôt que nous n'avions eu le chauffage central que vers 1968, lorsque j'avais environ douze ans. Eh bien, avant cela, il faut savoir que les vitres de nos chambres étaient gelées durant l'hiver, même à l'intérieur ! Et que, pour que l'on n'ait pas trop froid, Maman nous apportait le soir dans notre lit une brique réfractaire qu'elle avait fait chauffer dans le poêle et qu'elle enveloppait d'un linge pour que l'on ne se blesse pas. Je me mettais alors en chien-de-fusil et je poussais petit à petit la brique avec mes pieds pour réchauffer tout mon lit... 

Autre grande différence avec l'époque actuelle : les nouvelles technologies n'avaient pas encore été inventées ! Pas de GSM, pas d'ordinateur et encore moins d'Internet... On n'avait même pas de téléphone du tout à certains moments donc on appelait depuis des cabines publiques ou on écrivait, même si s'envoyer du courrier était beaucoup plus long ! 

 

 

(…) Je suis entrée en première année de primaire en 1962, dans la petite école du village. Je partais le matin, je suppose avec mes cousines et d'autres enfants du quartier. Je revenais dîner le midi chez moi puis je repartais à l'école jusque 16 heures avant de rentrer à la maison. 

Tous ces allers-retours s'effectuaient à pied... Les petits de maintenant ne savent pas ce que cela représentait car on les dépose souvent en voiture juste devant leur école. 

Un jour, j'ai emmené mes petits-enfants dans mon village natal et je leur ai montré le trajet que je devais faire plusieurs fois par jour en marchant, et par tous les temps ! Nous l'avons refait ensemble pour qu'ils se rendent compte... 

Parfois, Maman nous donnait 1 franc (l'équivalent de 2,5 cent d'euro) pour que nous allions nous acheter un bon- bon au magasin lorsqu'on retournait à l'école à 13 heures. Et devant tous ces bocaux... quel choix cornélien ! On en mettait, du temps, à choisir notre bonbon... 

 

2) Souvenirs et anecdotes 

(…) En repensant à mon enfance pour écrire ce livre, je me suis rendue compte que mes souvenirs les plus précis étaient souvent... liés à la nourriture ! C'est fou... mais j'imagine que cela ne vous étonne pas, mes chers lecteurs ! Préparez vos papilles... 

Après le retour de l'école venait le moment du goûter : souvent on mangeait une tartine ou, mieux encore, un bâton de chocolat Côte d'Or qu'on trempait dans le café et qu'on léchait. Maman adorait ça alors elle nous disait « On mange un chocho ? » Mhmm ce chocolat fondu...

Le midi, on mangeait souvent une tartine toute seule ou parfois, notre mère faisait des pommes de terre en chemise. On retirait la pelure, on trempait la pomme de terre dans du sel et on la mangeait avec une tartine. 

Vous imaginez les féculents ? Deux à la suite... mais on adorait ça ! 

Il lui arrivait aussi de faire des beignets à la bière. Nous en coupions alors des morceaux qu'on trempait dans du sucre. Que c'était calorique ! Après, on s'étonne que je puisse avoir une bonne corpulence... mais qu'est-ce que je n'ai pas mangé comme féculents et matières grasses lorsque j'étais petite ! 

 

 

(...) De temps en temps, nous allions rendre visite en famille à Denise et Eddy. Je me rappelle que j'étais émerveillée par leur appartement. Particulièrement par le lustre en cristal de leur salon. J'adorais regarder par la fenêtre aussi. J'y passais des heures, à observer les trams, les voitures, les gens... 

En y repensant, je me dis que c'est peut-être de là que me vient mon envie de toujours de vivre en appartement. Même aujourd'hui... Je dis souvent que si je me retrouve seule un jour, je partirai de suite vivre en appartement. 

 

Mon oncle était très taquin. Chaque fois qu'il me voyait, il me chantait « Martine... grosse boudine ! » en rigolant. Et moi, je n'aimais pas ça du tout ! À cette époque-là, je n'appréciais donc pas beaucoup cet oncle... 

Un jour, Eddy et Denise sont venus nous rendre visite à la maison et ils m'ont apporté du raisin. Ils m'aimaient bien et je crois que j'étais un peu leur petite préférée. Sauf que... toujours avec mon fichu caractère, je restais vexée par les taquineries de l'oncle Eddy et je n'ai pas voulu leur dire bonjour. Je suis restée penchée sur la table avec la tête sur mes bras sans dire un mot. 

Mes parents m'ont prévenue : puisque je refusais de dire bonjour, je n'aurais pas de raisin. Eh bien, vous l'avez deviné : j'avais envie de ce raisin... mais je n'ai pas cédé. 

Je suis restée au moins une heure à bouder sur ma table... mais j'imagine que lorsqu'ils sont partis, j'ai tout de même eu droit à mes fameuses grappes ! 

Philippe 

Philippe a eu "10 vies en une seule !" mais dans son livre, il a d'abord choisi de mettre en avant un incroyable chapitre d'une quinzaine d'années qui l'a vu devenir un fin connaisseur de la vigne et de la cave pour en arriver à exporter les vins de son petit Domaine dans le monde entier.... alors qu'il n'y connaissait rien !

Pour ce passionné d'histoire et de géographie, l'écriture de cette biographie a également été l'occasion d'un retour sur son enfance et son riche parcours professionnel, duquel les lecteurs pourraient tirer diverses clefs afin de réussir dans leur propre activité ! C'est le souhait qu'a formulé Philippe, en transmettant son histoire à ses proches mais aussi à tous ceux que cela intéresserait : que son vécu et son expérience puissent devenir des sources d'inspiration pour les prochaines générations...

Morceaux choisis du livre de Philippe...

(...) En réfléchissant à mon passé, je suis maintenant persuadé que tout se situe dans l'enfance. Ce que je suis devenu et les grands intérêts que j'ai dans la vie m'ont été transmis dès mon plus jeune âge. Même si nous n'en avons pas conscience, à dix-huit ans, les dés ont déjà roulé et les jeux sont faits. Le problème, bien sûr, c'est qu'on l'ignore ! 

Lorsqu'on est jeune, on pense tout savoir et une fois que les cheveux blanchissent vraiment sur les tempes, il est un peu tard pour évoluer et changer en profondeur.

En partageant mon histoire, je nourris donc l'espoir d'inspirer certaines personnes et de transmettre quelques « clefs » aux générations futures, qu'elles me soient proches ou non. 

 

***

 

(...) J'en reviens à la question principale de ce début de chapitre : comment devenir un fin connaisseur de ses vignes lorsqu'on est de la ville et qu'on n'a jamais travaillé la terre de ses mains ? 

J'ai une explication, toujours la même, à laquelle je crois de plus en plus à mesure que je vieillis : il faut partir du principe qu'une vigne, définitivement, est un être vivant...

Chaque année, comme tous les êtres vivants, la vigne produit une nouvelle génération de fruits. Un peu comme une femme qui accouche... 

Ainsi, lorsqu'on me pose la fameuse question « Comment diable as-tu réussi à si bien t'occuper des vignes sans être né dans ce milieu et en partant de rien ? », ma réponse est toute trouvée :

« Comment une femme qui n'a jamais eu d'enfant peut en avoir un, sans avoir appris à en avoir un ? » 

Je vous laisse méditer là-dessus quelques secondes...

 

Eh oui ! Au moment d'accueillir un premier enfant, on ne sait rien. Tellement rien qu'on tâtonne, qu'on est incroyablement inquiet, qu'on écoute tout ce qui concerne le sujet, qu'on se renseigne en permanence pour se rassurer, etc. 

On devient très curieux... et on apprend vite !

 

Faisons maintenant l'analogie avec 2003 et ma première saison d'élevage des vignes : je n'y connaissais rien mais j'aimais mes vignes, comme on aime quelque chose de vivant. Aimer, c'est être à proximité et regarder... 

Dans ce métier, il faut donc utiliser ses sens, observer avec attention car une vigne, comme chaque être vivant, communique de façon incroyablement précise sur son état de santé.

 

***

 

Dans sa prime enfance, l'enfant se comporte comme une éponge et si on a la chance d'avoir des parents « transmetteurs », on retient tout et pour toujours ! Ce fut mon cas...

 

Lors des traditionnels et fréquents repas de famille, je n'allais pas jouer au ballon comme beaucoup d'enfants qui s'ennuient des conversations entre adultes. Bien au contraire ! 

À l'époque, les discussions familiales étaient particulièrement riches et me captivaient. Ainsi, j'écoutais mes proches, silencieux et attentif, me sentant comme un témoin privilégié de ces échanges. 

 

Je me souviens d'ailleurs avec une grande précision de la plupart d'entre eux... et même si je ne peux évidemment pas tous les restituer ici, certains souvenirs évocateurs me reviennent en vrac : les histoires encore très « fraîches » de la guerre et de la Libération par les Américains, vécues par mes parents, jeunes fiancés à l'époque ; l'expérience épique vécue par une tante, agent de liaison FFI (forces françaises de l'intérieur) et utilisée durant le Débarquement en Provence comme interprète auprès des troupes américaines ; les récits militaires enflammés, tel que le conflit indochinois par exemple, avec ses noms exotiques : Tonkin, Cochinchine, Saïgon... 

Mon esprit s'imprégnait de toutes ces aventures, qui faisaient galoper mon imagination et nourrissaient mon intérêt grandissant pour l'histoire et la géographie. 

 

***

 

Pour conclure, je dirais que si vous voulez commander, avoir de l'influence, peser sur une situation, il faut que celle-ci vous plaise, qu'elle vous intéresse, et que vous la compreniez... intimement. 

À partir de ce moment-là, même si l'on n'est pas d'accord avec vous, ce que vous direz aura du sens. 

 

Beaucoup de gens m'ont toujours considéré comme quelqu'un de sérieux et de très autoritaire : c'est vrai ! 

Mon leitmotiv c'était, et c'est d'ailleurs toujours, « On travaille d'abord, on rigole ensuite ! » : LA grande phrase de mon père... 

Eh oui, c'est un fait : je ne suis pas Jésus-Christ ! 

Mais je n'ai jamais fait les choses dans le but de rabaisser ou d'écraser : toujours dans le but d'élever les autres et de gagner ensemble sur n'importe quel défi ou objectif.

 

Détesté au début, regretté ensuite... toute l'histoire de ma vie !

 à suivre...